le vert paradis des amours enfantines

  le vert paradis des amours enfantines

La ronde des mots

        Comment raconter cette histoire qui n'existe pas ? Cette histoire qui est là, quelque part, qui n'attend que des mots pour apparaître. Et pourtant elle se cache, se tapit dans l'ombre du cerveau, discrète, muette, désespérément absente. Où es-tu mon histoire ? Je voudrais tant te raconter, te faire exister, dis-moi donc, où te caches-tu ? Dans ce coin-ci, dans ce coin-là, depuis le temps que je la cherche, ne pourrait-elle pas apparaître ? Non elle n'apparait pas, elle a son caractère, on ne peut pas la demander comme ça. C'est bien dommage. On se croit souvent maître de nos mots, maître de notre pensée. Et pourtant le jour où on doit les exprimer, les faire sortir de ce cerveau encrassé, où sont-ils ces mots dominés, exploités, contrôlés par la pensée ? Ils se cachent, ils sont terrorisés. Que va-t-il leur arriver ? QUe va-t-on encore faire d'eux ? Non, non et non, il vaut mieux rester planqués, dans l'ombre poussiéreuse, que de se voir ainsi mutilés par ce cerveau surchauffé. Il croit savoir écrire ? Penses-tu ! Moi qui suis un mot je sais bien comment il nous utilise. Il cherche une idée de phrase, et nous sommes heureux d'être les élus de la liste. Le rôle que nous jouons aujourd'hui est bien beau, ma partenaire est élégante ainsi coiffée de son chapeau. Mais non ! Que fait-il ? L'idiot, il est en train de nous effacer ! Nous effacer et nous remplacer par quelques gigolos qu'on avait presque oubliés. Ah pour sûr ils sonnent bien ! Mais au fond qui sont-ils ? Des usurpateurs. Ils gâchent tout, tout le rythme et la poésie dont nous étions empreints. Ah elle est belle cette phrase maintenant que tu l'as dénaturée ! Mais que signifie-t-elle ? Rien, des clopinettes. Et tu comptes refaire appel à nous pour la suivante. Mais mon vieux tu rêves. Nous étions là, prêts à s'accorder, à apporter cette poésie que tu recherchais, et qu'as-tu fait ? Tu nous as jetés au rebus, comme de vulgaires injures. Tu peux toujours rêver pour nous faire revenir.

         La panne sèche de l'écrivain vient parfois de trois fois rien. Au lieu de désespérément chercher des lignes et des lignes, il devrait s'accorder le temps de s'harmoniser, et laisser un peu sa cervelle décider. Car après tout c'est elle qui tient les rênes, la dominer ne servirait qu'à tout gâcher.

         Je n'ai toujours pas mon histoire fabuleuse et extraordinaire, mais aujourd'hui je me suis bien amusée, j'ai laissé mes pensées décider pour moi, et ce sont elles qui se sont mises à rédiger. De qui dois-je signer, puisque ce mot n'est pas de moi ? Heureusement aujourd'hui elles étaient libres, et une aura peut-être pris le dessus sur les autres pour venir coller son nom, avant que le grand cerveau ne reprenne de l'action et ne décide de la suite des opérations.

 

                                                                                              Je suis une pensée libre et seraine

                                                                                  qui souhaite que jamais personne ne la gouverne



23/05/2013
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